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En 2023, le marché français des véhicules électriques (VE) a connu un véritable essor avec 491 866 unités vendues1. Les véhicules électrifiés rechargeables légers neufs ont ainsi représenté, à l’année, près de 23 % du marché automobile. Une croissance fulgurante du secteur électrique qui pourrait bouleverser pour de bon l’industrie automobile traditionnelle. Plusieurs facteurs expliquent cette tendance : une sensibilisation accrue du public aux enjeux environnementaux, des politiques visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, ainsi qu’un cadre réglementaire européen de plus en plus strict en matière de normes antipollution. Ce panorama illustre l’essor remarquable du marché des véhicules électriques en France.

Véhicules électriques : l’impact des réglementations

Le renforcement de la réglementation environnementale, à l’échelle française et européenne, représente l’un des principaux moteurs de l’adoption grandissante des véhicules électriques et du développement de ce segment de marché. Toutefois, on observe une certaine hétérogénéité dans les objectifs fixés par ces différentes réglementations nationales et communautaires.

La LOM (Loi d’Orientation des Mobilités) de 2019

Avec la loi d’orientation des mobilités du 24 décembre 2019, la France est le premier pays européen à inscrire dans la loi un objectif de neutralité carbone. À travers un certain nombre de mesures inédites, la LOM entend réduire les émissions de gaz à effet de serre des transports terrestres de 37,5 % d’ici à 2030, pour atteindre la neutralité carbone à horizon 2050. Parmi les mesures phares, figurent :
l’interdiction la vente de véhicules particuliers et utilitaires utilisant des énergies fossiles d’ici à 2040 ;
l’instauration de zones à faibles émissions (ZFE) destinées à restreindre la circulation des véhicules les plus polluants dans 11 agglomérations (Paris, Lyon, Aix-Marseille, Toulouse, Nice, Toulon, Strasbourg, Rouen, Montpellier, Grenoble, Reims) ;
– le déploiement d’un réseau de bornes de recharge au moyen d’incitations financières.

Panneau ZFE - Zone à faibles émissions mobilité

Le pacte vert pour l’Europe de 2020 et le Fit for 55

Le pacte vert, feuille de route environnementale de la Commission européenne, a pour objectif de faire de l’Europe le premier continent à atteindre la neutralité climatique à l’horizon 2050, en passant par une réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici à 2030 (par rapport aux niveaux de 1990). À ce titre, le Pacte fait de la mobilité électrique un pivot stratégique, encourageant ainsi les investissements dans les technologies vertes.

Les propositions contenues dans l’« Ajustement à l’objectif 55 » visent à transposer les ambitions climatiques du pacte vert dans le droit et à aligner la législation européenne sur les objectifs climatiques de l’Union européenne (UE). Pour cette raison, cet ensemble de textes :
durcit les normes environnementales ;
– incite à l’électrification afin de favoriser l’adoption rapide des véhicules électriques ;
encourage le développement de l’infrastructure de recharge à travers l’Europe ;
– interdit la vente des véhicules thermiques neufs à compter de 2035 (au niveau de l’UE).

Loi Climat et Résilience de 2021

La loi « Climat et Résilience » du 22 août 2021 retranscrit certaines des propositions de la convention citoyenne pour le climat. Elle ajoute notamment un objectif de réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, qu’elle traduit dans un lot de mesures articulées autour de 5 thématiques : consommer, produire et travailler, se déplacer, se loger et se nourrir. Parmi les mesures relatives à la mobilité électrique, on peut notamment retenir :

– l’expérimentation d’un prêt à taux zéro pour l’achat d’un véhicule peu polluant ;
– le maintien du bonus écologique ;
– la mise en place de ZFE dans les agglomérations de plus de 150 000 habitants d’ici à fin 2024 (33 nouvelles agglomérations sont concernées) ;
– une incitation à l’adoption de véhicules propres dans les flottes publiques, avec des objectifs progressifs jusqu’en 2030 ;
– un soutien accru au développement des infrastructures de recharge pour les parcs de stationnement (nouvelles obligations pour les parcs de plus de 20 emplacements, notamment).

Marché des véhicules électriques : quelles perspectives ?

Flotte automobile électrique - Crédit : Renault

Le marché en 2023

Les mesures réglementaires et incitatives mises en place ces dernières années pour promouvoir une mobilité plus propre ont catalysé une transition marquée vers les véhicules électriques et hybrides rechargeables en France. L’année 2020 a représenté un tournant décisif, marquant le début d’une hausse substantielle des immatriculations de ces véhicules, avec une hausse de 301 % des hybrides rechargeables (atteignant 74 592 unités) de 159 % des électriques (avec 110 916 immatriculations)2.

De leur côté, les constructeurs automobiles ont significativement étoffé leur offre de modèles électrifiés, sous la pression de la réglementation européenne qui a imposé des limites strictes aux émissions de CO2 à partir de 2020.

En fin d’année 2023, on dénombrait ainsi 1 594 841 véhicules électriques et hybrides rechargeables en circulation sur les routes françaises, constituant une part non négligeable du parc automobile total de 38,9 millions de voitures3.

Quel avenir pour les véhicules électriques ?

Les projections indiquent que les ventes de véhicules électriques (VE) devraient poursuivre leur forte croissance en France et dans l’ensemble de l’Europe durant prochaines années. Les estimations tablent sur une mise en circulation de 145 à 230 millions de VE dans le monde d’ici à 20304. L’Union européenne prévoit quant à elle 13 millions de VE sur ses routes d’ici à 2025, puis 30 millions d’ici à 2030.

Face au durcissement constant de la réglementation environnementale européenne, les constructeurs automobiles n’ont d’autre choix que d’opérer une transition accélérée vers la mobilité électrique. Plusieurs marques comme Alpine, Peugeot ou Mercedes ont même déjà annoncé leur intention de ne plus produire que des modèles 100 % électriques à l’horizon 2030. Cette nécessaire transition du secteur automobile semble désormais inéluctable.

Du côté des conducteurs, les deux freins principaux à l’adoption des véhicules électriques restent aujourd’hui le coût d’acquisition et l’autonomie (la “range anxiety”). Cependant, une étude a prouvé que le fait même d’acquérir un véhicule électrique tend à rassurer les automobilistes sur ce dernier aspect5. Concernant les inquiétudes liées à l’autonomie, un sondage relayé par Speedy fin 20236 révélait que plus de 8 Français sur 10 avaient des réserves sur ce point.

Des réserves qui sont en bonne partie infondées, étant donné le vaste réseau de bornes de recharge déjà déployé sur le territoire national et permettant de recharger son véhicule en cours de trajet. Contrairement aux idées reçues, de nombreux points de rechargement sont d’ores et déjà accessibles aux utilisateurs de véhicules électriques en France !

Infrastructures de recharge : où en sommes-nous ?

Borne de recharge Leroy Merlin

Le réseau d’infrastructures de recharge en France

À fin 2023, la France comptait environ 1 point de charge pour 14 véhicules électriques en circulation7.
Au 31 décembre 2023, 118 009 points de recharge étaient ouverts au public en France, soit une hausse de leur nombre de 44 % en un an8 ! Le Gouvernement avait fixé un objectif de 100 000 points de recharge à déployer d’ici fin 2022, un cap finalement franchi peu de temps après, en mai 2023. Ces points de recharge sont répartis dans 40 000 stations sur tout le territoire national. Selon une étude de l’AVERE France, le besoin en recharge publique jusqu’à 2035 pourrait représenter entre 300 000 à 400 000 points pour plus de 12 millions de véhicules électriques9. Des prévisions qui concordent avec le nouvel objectif du Gouvernement qui souhaite que 400 000 points de recharge ouverts au public soient installés sur le territoire d’ici à 203010.

Le réseau au niveau de l’Union européenne

En 2021, l’Union européenne comptait 450 478 points de recharge accessibles au public, et à la mi-2023, 500 000. Les Pays-Bas, l’Allemagne et la France11 sont les trois pays les mieux équipés d’Europe, en nombre de points de charge et en densité. Néanmoins, la Cour des comptes européenne a pu déplorer le manque d’infrastructures de recharge au niveau de l’UE, 70 % des bornes étant concentrées dans ces trois États membres12.

En ce qui concerne la recharge rapide, la réglementation AFIR a établi des objectifs ambitieux de déploiement. Le but est d’atteindre un million de points de recharge rapide d’ici à 2025, et 3,5 millions d’ici à 2030. Pour accompagner la décarbonation des transports routiers, y compris les poids lourds, des stations de recharge pour véhicules utilitaires lourds d’une puissance minimale de 350 kW devront être déployées à intervalles réguliers. Sur le réseau central du RTE-T, elles seront espacées de 60 km au maximum, tandis que sur le réseau global plus vaste, l’espacement maximal sera de 100 km. L’objectif est une couverture complète du réseau d’ici à 2030.

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